Précarité, formations non reconnues, concours inaccessibles… quelle place pour les récents diplômés?

janvier 10, 2008 at 3:52 (bibliothèque, Emploi) (, , , , , , )

Faîtes des études qu’ils disaient… Mais à quoi bon au final? Sur le marché de l’emploi, lorsque vous êtes un jeune diplômé en bibliothèque-documentation, un master professionnel, çà n’évoque rien aux recruteurs… Ils regardent même çà d’un air suspicieux comme s’il s’agissait d’une formation factice qui n’aurait jamais existée… Quoi, vous n’avez pas un DUT Métiers du Livre? Car oui, les recruteurs n’ont que ce mot à la bouche depuis la fin du CAFB… Mais lorsque vous voulez intégrer un DUT alors que vous êtes en maîtrise, à l’entretien on s’étonne: « mais pourquoi demander une formation inférieure à votre niveau d’étude? » Mais oui, quelle idée?!

Bref, comme vous comprenez très vite que sans concours, il n’y a pas beaucoup d’avenir dans ces métiers, vous passez des mois à lire des bouquins sur tout et n’importe quoi (surtout n’importe quoi, car bien évidemment, on va pas vous juger sur vos aptitudes professionnelles, sur votre motivation, mais si vous êtes une bonne éponge à connaissances dressée à passer des concours). Ravie, vous réussissez presqu’un concours d’Etat, on vous signale que vous êtes lauréate, inscrite sur une liste complémentaire… à priori, celà vous assure un poste de bibliothécaire d’Etat pour l’année suivante… Mais non, çà serait trop beau, et bien trop facile, et si on jetait cette liste et qu’exceptionnellement, on réorganisait un concours cette année plutôt que dans 2 ans?? Ah, et oubliez-bien de prévenir les inscrits sur cette liste.

Bon les concours, çà sera pour l’année suivante, vous vous inscrivez à une prépa Concours type CFCB en vous disant que cette fois, çà sera la bonne… Mais c’était sans compter sur le côté aléatoire des concours où vous pouvez avoir 15 à une note de synthèse, et 8 à la suivante en utilisant la même méthode… Ah les joies des concours!

Bien évidemment, vous n’allez pas passer des années à préparer vos concours sans travailler, alors vous vous lancez à la recherche d’un premier emploi. Vous êtes bac + 5, vous pourriez prétendre à un poste de cadre, mais qui serait assez fou pour vous confier un poste de cadre en débutant? Forcément, vous vous rabattez sur les offres de recrutement à bac + 2… mais quoi? vous n’avez pas un DUT? cette personne ne connaît sûrement rien au monde des bibliothèques. Vous finissez par postuler à des postes de catégorie C, un bon moyen pour se faire titulariser dans 4 ans. Mais manque de bol, le profil du neveu de l’élu municipal colle beaucoup mieux au poste que vous, comprenez-bien, il est éboueur, le pilonnage il connaît!

Alors vous cherchez des offres d’aide-documentaliste en collège ou lycée, çà pourrait être une 1ère expérience intéressante… mais là encore, vous ne rentrez pas dans les cases, vous n’êtes ni éligible au CAE, ni au CA, vous ne sortez pas de prison, vous ne vivez pas en zone ZUP ou que sais-je avec un Z, vous n’avez pas été au chômage, vous avez moins de 25 ans, alors vous ne touchez pas non plus le RMI, en fait, vous n’avez droit à rien, il aurait mieux valu que vous restiez 2/3 ans de plus à la fac, là vous auriez eu le RMI, et droit à des contrats aidés.

Finalement, vous postulez à des offres de documentaliste dans le privé ou la territoriale où on vous propose de toucher le smic, mais vous êtes contents, çà change des contrats 20h payés au smic. Bref, vous réalisez vite que la documentation d’entreprise, juridique ou spécialisée pour les collectivités, c’est quand même pas çà votre passion. Donc vous continuez à postuler… Mais vous n’avez que des stages en bibliothèque, et vous travaillez en documentation, non en bibliothèque, donc on ne veut pas de vous.

Voilà mon quotidien, et celui de mes collègues de promo, et de bons nombres de jeunes diplômés passionnés par le métier, mais déconsidérés par la profession avant même de pouvoir y accéder. Et le jour où on réussira notre concours, réussissant à se qualifier parmi le 1% (Etat) à 8% (Territorial) de lauréats, il restera, pour la territoriale, à encore postuler, et postuler en quête d’un employeur assez téméraire pour employer un stagiaire. Et quel stagiaire après sa formation de 5 jours!

Alors bibliothécaire, un métier d’avenir? en tout cas, un métier d’endurance, de motivation et surtout de passion!

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